• Réaction aux propos de M. Ball

L’AGBD ne peut pas laisser passer le discours médiatisé de M. Ball sans y réagir.

L’opposition Internet / bibliothèques n’est pas une idée nouvelle, et nous entendons régulièrement ces arguments venant de personnes qui  connaissent peu ou mal notre travail. Il est aujourd’hui si facile de trouver de l’information sur la toile…

Cette opinion est recevable de la part de personnes de peu d’exigence. Les articles de Wikipedia répondent souvent honorablement à des interrogations simples, et Google permet de trouver certaines ressources pertinentes et gratuites, pour peu qu’une requête soit correctement formulée et que des résultats non certifiés suffisent à l’internaute. Et pour ce qui est des romans, il n’est pas si compliqué de trouver des best-sellers sur des sites pirates.

Un lecteur exigeant n’y trouvera cependant son compte que s’il est chanceux et que le concept de droit d’auteur lui est indifférent.  Le lecteur de romans averti ne trouvera probablement son bonheur qu’en achetant les livres (ce qui peut rapidement s’avérer très coûteux), ou en fréquentant une bibliothèque de lecture publique.

Un chercheur de niveau universitaire ne pourra se satisfaire des articles de Wikipedia. Il devra se tourner vers l’achat d’articles de périodiques scientifiques hors de prix, ou… ira les consulter en bibliothèque. Pour peu qu’il utilise les services à distance de sa bibliothèque (VPN), il pourra de façon transparente localiser (grâce à Google parfois, mais cela s’avérera insuffisant  pour ce qui est hébergé sur le Web invisible) les documents dont il a besoin, et y accéder depuis chez lui. Mais uniquement si des bibliothécaires ont fait leur travail en amont : souscription à des ressources soigneusement sélectionnées, authentification de l’institution par adresses IP, signalement dans des catalogues, etc.

Le discours de M. Ball interpelle donc sur plusieurs points :

  • Ayant fait des études universitaires (à Mayence, ville natale de Gutenberg !), où a-t-il  trouvé les documents nécessaires à ses études ? Les trouverait-il aujourd’hui en libre accès sur Internet ? Si c’est le cas, on peut imaginer que son niveau d’exigence est bien bas…
  • Étant directeur d’une bibliothèque scientifique, comment peut-il ignorer les tâches de ses collaborateurs, ceux qui sélectionnent, acquièrent et rendent disponibles les documents qu’utilisent  les usagers de l’ETHZ ? Et comment utilise-t-il son budget d’acquisition ?
  • Est-il si ignorant qu’il ne puisse imaginer que les besoins ne sont pas les mêmes pour des étudiants en sciences exactes ou en sciences humaines ? Pour des scientifiques, des collégiens ou des amateurs de littérature ? Pour des personnes fortunées ou non ?
  • Ces trois questions en amènent une autre : comment cet individu à la pensée si limitée a-t-il pu être nommé à la tête d’une des plus prestigieuses bibliothèques de Suisse ?

Quand des propos d’un aussi bas niveau sont relayés dans la NZZ et lus par ceux qui décident de nos budgets, il devient indispensable  de développer le lobbying des bibliothèques pour défendre le droit à la culture et à l’information de qualité pour tous !

Le Comité AGBD